Les Lettres du Bien-Aimé

Nous avons naturellement beaucoup parlé de lettres au Bien-Aimé… mais qu’en est-il des lettres DU Bien-Aimé?

Celles qu’il nous a adressées, pleines d’amour et de bienveillance, nous invitant à la paix de nos cœurs, au salut de nos âmes et à la joie éternelle ? Voici une de ces lettres dictée, attribuée au Bien-Aimé et conservée actuellement au Museum King Hussain Mosque en Jordanie. En son temps, cette lettre fut adressée à l’empereur romain et byzantin Héraclius afin de l’inviter à s’ouvrir à la lumière de l’Islam et à bien guider son peuple . Cette lettre débute au nom de Dieu , le Créateur et Nourricier des liens d’Amour, et se conclue par le verset 64 de la sourate 3.

lettre adressée à l’empereur romain et byzantin Héraclius, de la part du Prophète Bien-Aimé

La question nous a été posé concernant cette lettre : qui a bien pu l’écrire puisque le Bien Aimé ne savait pas écrire ?

SAVOIR LIRE AU DELA DE LA LETTRE

Pour commencer, il est important de rappeler que si le Prophète ne lisait pas et n’écrivait pas l’alphabet des hommes, ce n’est pas parce qu’il aurait été en incapacité d’apprendre à le faire, mais parce qu’il n’avait pas besoin d’apprendre à le faire.

Qu’aurait-il pu bien faire de la science des hommes quand il recevait directement la science de Dieu ? à quoi bon déchiffrer le langage des lettres humaines lorsque son cœur était capable de déchiffrer les signes Divins ? Notre Bien-Aimé n’avait pas besoin de savoir lire les lettres pour être capable de Lire le Qor’an : N’était-il pas lui-même un Qor’an qui marche sur terre, selon l’expression de notre Mère Aïcha ?

Le fait que notre Bien Aimé soit « illettré » nous envoie un message fort : il existe quelque chose au-delà de la lettre, les lettres étant là pour nous indiquer vers ou porter notre regard, vers où diriger nos cœurs et nos sensibilités, mais les lettres ne sont pas une fin en soi. Or, nous voyons malheureusement combien de gens tombent dans le littéralisme, s’accrochant à la lettre, débattant sur la lettre, sans jamais dépasser la lettre. Le Bien Aimé nous a d’ailleurs averti quant à une catégorie de gens qui réciteront le Qor’an avec leurs bouches sans que celui-ci ne descende jusqu’à leurs cœurs. A quoi bon donc lire la plus belle des lettres d’amour si elle reste lettre morte ? Car là est le secret de ces lettres : il faut être capable de se connecter au message d’Amour qu’elle porte.

Une expression dit : « lorsque le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Le lettre, c’est ce doigt, et la vraie question est donc : allons-nous rester fixés sur le doigt ? ou saurons-nous comprendre l’esprit du message et élever notre regard vers la lumière dans notre ciel nocturne ?

LES SCRIBES

Ceci étant bien posé, nous pouvons maintenant mieux comprendre les intentions qui ont animé la mise à l’écrit des messages du Bien Aimé : les scribes ne devaient pas chercher à figer le message dans leurs écrits, mais bien à permettre l’accès à ce qu’il y avait de vivant en eux.

On raconte que le Bien-Aimé avait environ 48 scribes à son service, dont les compagnons Abou Bakr,  Uthmân Ibn ‘Affân,  ‘Ali Ibn Abî Taleb,  ‘Omar Ibn El-Khattâb, ou encore Zayd Ibn Thâbet,  Khaled Ibn El-Walîd etc.

Ils pouvaient aussi bien noter les versets du Qor’an, que les lettres que leur dictait le Bien Aimé.

Les lettres étaient signées par le Bien Aimé à l’aide d’un sceau en forme de bague, qu’il apposait sur un cachet de cire, tel un tampon, et sur lequel était inscrit en arabe : « Mohammed l’Envoyé de Dieu ». (Nous pouvons d’ailleurs voir ce sceau en bas à droite de la lettre envoyée à Héraclius.)

Le support d’écritures étaient variés : quand il s’agissait de leur usage personnel, les scribes écrivaient volontiers sur des os plats d’animaux (omoplates) ou sur des pierres plates, ce qui constituait le matériau le moins cher et le plus répandu. On utilisait aussi du tissu, ou de la peau d’animaux. Le papier ou le papyrus étant peu répandu et plutôt chers à l’époque, il était réservé à des usages plus particuliers.

Concernant l’écriture en elle-même, vous pouvez remarquer plusieurs choses en regardant la lettre : l’écriture est de forme « carrée », il s’agit du style koufique, le tout premier style d’écriture arabe. D’autres styles sont arrivés par la suite dans l’histoire, plus arrondis, plus déliés, comme les styles diwani ou thoulouth. De même, vous pourrez noter l’absence de points ou de voyelles brèves, ce qui était la norme à l’époque : les points ne sont arrivés qu’après, et les voyelles plus tard encore, afin de faciliter la lecture et l’écriture, notamment de ceux qui n’était pas arabophones. Ainsi était donc l’écriture des lettrés de l’époque, ce qui nous monte qu’au fil du temps, la lettre change avec les époques, mais l’esprit du message, lui, est éternel.

Juste avant Médine…

Depuis qu’ils avaient entendu la nouvelle de la venue prochaine du Bien-Aimé, de nombreux Médinois avaient pris l’habitude de se rendre à Qouba où vivait la tribu des Bani Amr ben Aouf, une oasis au sud de Médine afin d’attendre, scruter le désert, espérer être les premiers à accueillir l’homme le plus noble de la terre. Vous pouvez imaginer toute la ferveur, l’amour, la hâte, l’espoir qui ont été vécus en ces lieux… mais aussi la joie, quand le Bien-Aimé Mohammed et son noble compagnon Abou Bakr furent enfin visibles à l’horizon ! Était-ce bien eux ? Oui… c’est bien eux… ils approchent ! Les voici !

Ce petit groupe d’amoureux qui se rendaient chaque jour de Médine à Qouba dans l’espoir de se rapprocher du Bien-Aimé pour l’accueillir eurent enfin ce bonheur !

Qaswa, la chamelle du Prophète bien aimé, s’approcha de la source d’eau (qu’on attribue tantôt à Abou Ayoub Al-Ansari, tantôt à Saad Ibn Khaythama), une source qui fut bénie par la chamelle du Prophète qui avait choisi cet endroit pour s’agenouiller pour la première fois, afin d’y boire de l’eau après leur long voyage.

Là, dans cette palmeraie, ces amoureux impatients eurent le bonheur d’accueillir leur Bien Aimé pendant 3 jours, 3 jours durant lesquels fut construite la toute première mosquée de l’histoire de l’Islam. On rapporte d’ailleurs que le Prophète bien aimé a dit de cette mosquée que quiconque y célèbre sa prière aura accompli l’équivalent d’une Omra.

La nouvelle de la présence du Bien-Aimé dans l’oasis de Qouba se répandit jusqu’à Médine… vous pouvez imaginer l’émotion ! Les femmes restées en retrait à Médine s’organisèrent pour préparer et chanter la belle lettre d’amour et d’accueil désormais connue de tous « tala’a al badro ‘aleyna » ! Quant aux esclaves qui n’avaient pas la liberté de se rendre à Qouba, vous pouvez également imaginer leur émoi ! L’un d’eux n’était autre que Salman le Perse, qui s’était vendu en esclavage lui-même afin de pouvoir être emporté par ses nouveaux maitres jusqu’à Médine, où il savait que viendrait vivre Son Bien-Aimé. C’est là aussi qu’il apprit la joyeuse nouvelle, et dès la nuit tombée, il fit l’aller-retour de Médine à Qouba, en plein désert, juste pour étancher la soif de son cœur amoureux et rencontrer le meilleur des hommes.

Puis, 3 jours après que la nouvelle se soit répandue à Médine, 3 jours d’impatience et de hâte, voilà que le Bien-Aimé arrive enfin, accompagné de son noble ami Abou Bakr…

Le jardin du Bien-Aimé

Visiter le Bien-Aimé sur les terres de Médine a toujours été un moment spécial pour les amoureux du Prophète. Les plus poètes d’entre eux n’ont pas hésité à retranscrire bellement ces moments intenses, nous léguant à la fois un témoignage et un héritage de leur passage dans le jardin du Prophète. Car effectivement, le mot “Rowda” en arabe désigne aussi bien la sépulture que le jardin, et les âmes amoureuses savent comment s’y promener et en cueillir les fleurs, comme le raconte la fin de ce poème traduit de l’arabe, chef d’œuvre de Mahmoud Bayrem Ettounsi, poète égyptien du siècle dernier

Quant à ceux qui ne pouvaient pas s’y rendre, leurs coeurs débordant d’amour et de nostalgie ont également su trouver les mots pour témoigner de leurs sentiments et de leur manque envers le Bien-Aimé. Par exemple, le poème arabe de l’Imam Jazouli (15ème siècle) dont voici la traduction :

Ces chansons et poèmes ne sont pas que du folklore, il s’agit de véritables clés pour ouvrir les portes de notre coeur. Ces amoureux, en témoignant de leur amour, nous aident à nous ouvrir à notre propre potentiel amoureux. Tout poème d’amour sincère écrit au Bien-Aimé a ce potentiel, à condition de se laisser porter, comme nous le témoigne un de nos frères qui nous a écrit en direct de Médine où il était allé visiter le Bien-Aimé :

Nous encourageons chacun et chacune non seulement à écrire ou parler au Prophète, mais également à lire, à se connecter profondément aux lettres, chants et poèmes qui ont été rédigés par d’autres à partir d’une station vraie, réelle, authentique, provenant du fond du coeur. 

En effet, les auteurs de ces mots écrits avec conscience sont en quelque sorte des Pèlerins qui se rendent sur le tombeau du Prophète, non pas toujours à travers un voyage physique vers Médine, mais toujours dans un voyage spirituel pour lui parler de coeur à coeur. D’ailleurs, de nombreux savants et juristes ont dit que parler au Prophète peut avoir la même valeur qu’une visite au Prophète !

Lorsque ces auteurs reviennent de leur Pèlerinage spirituel, ils nous offrent les souvenirs qu’ils rapportent avec eux de ce périple afin de nous permettre d’en vivre quelque chose aussi et de nous connecter à l’expérience. Leurs mots sont des facilitateurs, des clés, des connecteurs.

Car pourquoi visiter Médine et le tombeau du Bien-Aimé ? Cela permet d’essayer à travers ces traces, monuments, souvenirs, d’éveiller le tréfond de l’âme, d’ouvrir l’oeil intérieur du coeur, de faire émerger cet amour dormant au fond de soi.

Dire «assalate wa assalam ‘aleyka ya Rassoul Allah» en ce lieu et dans ces conditions permet de ressentir profondément ces paroles, tandis que nous sommes devant cette partie de lui qui a été le véhicule terrestre béni qui l’a servi pendant 63 ans auprès des mortels. Cette visite devant son tombeau permet de travailler le sentiment de présence, de le développer, ce qui rend nos salutations à son égard plus conscientes, plus authentiques, et plus faciles.

Toutefois, ceux qui écrivent avec conscience un message sincère adressé au Prophète sans avoir voyagé physiquement ont réussi à s’adresser à lui directement, d’âme à âme.Il s’agit d’une station où le vrai soi qui aime Dieu et le Prophète se révèle et se réveille afin de parler le langage de l’amour et de la connaissance, même sans se rendre sur ses terres.

Ainsi, ceux qui ont réussi à établir une connexion de coeur à coeur avec le Bien-Aimé, que ce soit devant son tombeau ou à distance, peuvent nous aider à notre tour à vivre cette connexion, que ce soit également face à son tombeau, ou à distance. Il suffit de lire leurs témoignages avec conscience, avec le désir d’ouvrir notre coeur et d’apprendre à aimer. Ce que le témoignage de notre frère illustre bellement. Merci à lui.

Sur les traces du Bien-Aimé

Récipient dans lequel le Bien-Aimé Mohammed avait bu

A Istanbul, dans le Palais de Topkapi (ancien palais des souverains ottomans transformé aujourd’hui en musée) on trouve une chambre sacrée préparée par le sultan de l’époque pour conserver et exposer les reliques du Bien-Aimé Mohammed, dont voici quelques photos tout au long de cet article.

L’amoureux peut comprendre

Quelle position adopter face à ces reliques ? Les avis sont partagés : d’un côté les amoureux du Bien-Aimé qui ressentent le besoin de conserver des traces, des souvenirs, des objets ayant appartenu à l’amour de leur cœur, et de l’autre, les proies aux doutes, qui se demandent s’il ne s’agit pas là de « bid’a » ou de « shirk »?

Évidemment, s’il s’agissait d’adorer ces objets et de les prendre pour idoles, une telle attitude mériterait effectivement le blâme. Mais qu’en est-il de l’amoureux qui espère juste garder un souvenir, et transmettre ce souvenir à ceux qui n’ont pas rencontré physiquement ce grand amour ? Pourquoi lorsqu’une personne garde pendant des années les lettres, ou le châle, ou le mouchoir de son amoureux ou amoureuse, on trouve cela romantique, mais quand il s’agit du Prophète Bien-Aimé, cela deviendrait soudain quelque chose de blâmable et condamnable ?

Pourquoi quand une personne garde précieusement la photo ou les vidéos de ses défunts parents pour les montrer à ses enfants afin de nourrir leur amour pour leurs grands-parents qu’ils n’ont pas connus, on trouve cela beau, mais quand il s’agit du Prophète Bien-Aimé, on veut trouver cela suspicieux ?

Serait-il donc interdit de l’aimer et de le faire aimer ?

C’est d’ailleurs par amour que les souverains ottomans ont recouvert d’argent, d’or et de pierres précieuses ces souvenirs et ces reliques, comme on voudrait mettre la photo de notre amoureux dans le plus beau des cadres.  En plus de témoigner de leur amour et de leur respect, cela permet également de mieux préserver et respecter ces précieuses reliques.

Ces reliques sont donc de précieux souvenirs amoureux, de précieux souvenirs pour nos ancêtres comme pour nous-mêmes. Quelle douceur pour l’amoureux que de pouvoir contempler quelque chose ayant appartenu à son Bien-Aimé, que ce soit un objet, ou sa photo ! N’ayant pas de photo à l’époque, l’empreinte de pied ou les cheveux faisaient l’affaire.

Cela peut nous paraître étrange, mais il faut rappeler qu’en Europe-même, avant l’avènement de la photographie, il y avait deux manières de garder un souvenir de la personne qui nous était chère : soit un portrait en peinture, mais encore fallait-il avoir les moyens de payer un peintre (cela était donc réservé aux classes aisées), soit ses cheveux pour les plus pauvres. Dans les archives et les pièces de musées, il n’est pas rare de trouver des tresses entières qui ont été coupées et offertes à une personne chère. A l’époque, il était courant de demander à quelqu’un ses cheveux pour les garder en souvenir ! Seul un amoureux peut comprendre ce besoin de proximité, d’intimité, que peut étancher la possession d’un bout de l’autre.

cheveux du Bien Aimé Mohammed

Il faut maintenant imaginer la scène autour du Prophète Bien-Aimé : lorsqu’il se faisait couper les cheveux, ses compagnons les récupéraient à peine tombés au sol, et se les partageaient le cœur battant. Quand le Bien-Aimé marchait pieds nus dans la terre humide, imaginez la joie de ce compagnon qui découvre son emprunte, et qui la récupère amoureusement et avec grand soin. Quel bonheur de posséder cette trace de pas qui immortalise quelque chose de son Bien-Aimé !

Si on n’est pas amoureux, on pourrait y projeter de la « bid’a » ou du « shirk » là où en réalité il ne s’agit que d’amour. Qui n’a jamais vraiment aimé ne peut pas comprendre.

Des reliques pas comme les autres

Au-delà de cet aspect du souvenir amoureux, il faut tout de même souligner qu’il ne s’agit pas de l’importe quels objets : ce sont des objets ayant appartenu, ayant été touchés, ou étant issus du corps du meilleur des êtres.

Le toucher des prophètes n’est pas n’importe quel toucher : notre Maitre Issa guérissait, redonnait la vue, et même la vie, avec un simple toucher (S3,V49 – S5,V110). Ce qui est issu du corps des Prophètes possède également un statut particulier : la salive de notre Maitre Mohammed (que Dieu nous accorde une belle relation d’amour avec lui) guérissait également les malades (Sahih al Bukhari). Les objets des prophètes ne sont pas de simples objets : la tunique de notre Maître Youssouf a rendu la vue à son père, notre Maître Yaqoub, par le simple fait de l’avoir posé sur son visage (S12,V96). Ou encore le bâton de Notre Maître Moussa qui pouvait se transformer en serpent, avaler les illusions des magiciens (S7,V117 – S26,V45), et fendre les eaux en deux (S26,V63). Et que dire du sable touché par le pied de Moussa qui permit au Samiri de donner au veau d’or l’illusion d’être vivant ? (S20, V96)

empreinte de pied du Bien-Aimé Mohammed

Le statut exceptionnel de ces objets ne s’arrête pas là !  Pensez à l’histoire des enfants d’Israël qui, plusieurs centaines d’années après le passage de notre Maître Moussa, ont commencé à décliner spirituellement au point de se quereller sans cesse, allant même jusqu’à remettre en question les décisions du Prophète qui leur avait été envoyé après nos Maîtres Moussa et Haroun (le Coran ne cite pas son nom, il semblerait qu’il se nomme Samuel d’après les récits bibliques). La sourate Al Baqara nous expose comment ce Prophète avait désigné Talout (Saül) comme roi, mais comme il appartenait à une classe sociale modeste, ils contestèrent cette Décision Divine inspirée à l’Envoyé.

Dans Son Immense Bonté, Dieu envoya des Anges portant le Tabout nous dit le Coran, un coffre appelé l’Arche de l’Alliance, afin de rehausser le niveau et la force spirituels de ce peuple. Quiconque ayant la foi se trouvait renforcé en étant exposé au Tabout.

Mais quiconque étant ennemi de Dieu se trouvait affaibli face à ce coffre nous raconte la Bible. C’est d’ailleurs pourquoi les enfants d’Israël emmenaient avec eux le Tabout comme arme principale lorsqu’ils devaient faire la guerre, et c’est aussi la raison pour laquelle les rois ennemis faisaient tout pour déposséder les enfants d’Israël de cette Arche d’Alliance avec Dieu. L’un de ces rois avait réussi à le leur arracher durant l’une de ces guerres ! La Bible nous raconte comment aucun des peuples reniant Dieu ne pouvait garder cette Arche sans s’attirer affaiblissement, maladies, malédictions et morts. Ils se refilèrent donc le précieux coffre de peuple en peuple jusqu’à ce qu’il fût finalement restitué au peuple d’Israël, les seuls capables de vivre de manière positive la puissante influence de ce coffre grâce à leur foi.  

Mais que contenait donc ce coffre que l’on nomme l’Arche de l’Alliance ?

Nous trouvons le récit et la réponse dans la sourate Al Baqara, versets 247 et 248 :

Et leur prophète leur dit: « Voici que Dieu vous a envoyé Tâlût (Saül) pour roi. » Ils dirent: « Comment règnerait-il sur nous ? Nous avons plus de droit que lui à la royauté. On ne lui a même pas prodigué beaucoup de richesses ! » Il dit: « Dieu, vraiment l’a élu sur vous, et a accru sa part quant au savoir et à la condition physique. » -Et Dieu alloue Son Pouvoir à qui Il veut. Dieu a la grâce immense et Il est Omniscient.

Et leur prophète leur dit: « Le signe de son investiture sera que le Tâbût (coffre, Arche de l’Alliance) va vous revenir; objet de quiétude inspiré par votre Seigneur, et contenant les reliques de ce que laissèrent la famille de Moussa (Moïse) et la famille d’Haroun (Aaron). Les Anges le porteront. Voilà bien là un signe pour vous, si vous êtes croyants ! »

Ce coffre contenait donc des reliques de Prophètes ! La tradition musulmane rapporte qu’il s’agissait d’un récipient dans lequel avait bu notre Maitre Moussa, un turban qui avait appartenu à notre Maitre Haroun, ainsi que d’autres objets encore. La tradition biblique rapporte qu’il contient également le bâton de notre Maitre Moussa.  

Dans tous les cas, qu’est ce que cela nous enseigne ? Pourquoi Dieu envoie-t-il des Anges pour apporter des reliques de Prophètes aux humains ? Qu’est ce que cela dit de ces reliques ? Peut-on encore penser qu’il s’agirait de « shirk » ou de « bid’a » ?

S’exposer aux reliques du Bien-Aimé

Les objets que nous vous présentons en photos ont appartenu à l’être humain doté de la spiritualité et de la relation à Dieu les plus développées, et se trouvent aujourd’hui à Istanbul.

Est-ce que la grandeur et la puissance de l’empire Ottoman peut s’expliquer par l’amour que ses souverains avaient pour le Prophète et leur exposition à ses reliques, comme s’il s’agissait de leur propre Arche d’Alliance ? On peut se poser la question. En tout cas une chose est sûre, Istanbul est la ville où l’on compte le plus grand nombre de personnes qui embrassent la voie du Dernier Messager, et ça ne peut pas être un hasard. La proximité de ces reliques, l’exposition à ces reliques pèsent forcément dans la balance, comme elle a pesé pour les enfants d’Israël à l’époque de l’Arche d’Alliance.

Cette exposition aux reliques de nos Maîtres Moussa et Haroun comme nous l’avons vu, a été une Décision et un Cadeau Divins. Alors pourquoi l’exposition aux reliques de notre Maitre Mohammed ne le serait pas ? Si un objet qui a appartenu à nos maîtres Youssouf (la tunique), Moussa et Haroun (dans le coffre) peuvent influencer positivement ceux qui s’y exposent, pourquoi cela s’arrêterait-il dès lors qu’il s’agit du Bien-Aimé Mohammed ?

Il ne s’agit évidemment pas de s’exposer à ces reliques dans l’espoir de devenir riche, d’avoir un patron plus sympa au travail, d’avoir des enfants plus obéissants, ou de s’offrir une plus belle voiture. Une relique n’est pas un grigri !

Mais plutôt, on s’expose aux reliques de Mohammed dans l’espoir de s’exposer à Mohammed, dans l’espoir de nous rapprocher de Mohammed, et dans l’espoir d’aimer davantage Mohammed. Aimer Mohammed, c’est s’élever spirituellement, et s’élever spirituellement, c’est aimer Mohammed. Car comme nous aimons à le dire : avec Mohammed on ne tombe pas amoureux… on s’élève en amour!  Alors s’exposer à ces objets qui ont été habités de l’énergie de Mohammed, c’est venir quêter, espérer, s’ouvrir, se rendre perméable à un peu de Mohammed pour se rapprocher de Dieu. 

Que Dieu nous accorde d’accueillir Mohammed, quel que soit la manière dont on quête cette rencontre avec lui : en lui écrivant des lettres, en lisant et appliquant ses hadiths, par la salat ‘ala an-nabi, en lisant sa biographie (Sira et Chama’il), en visitant son tombeau à Médine, en nous exposant à ses reliques, ou même, et je nous le souhaite, en s’exposant humblement aux photos de ses reliques. Amine !

Le Voyage nocturne et l’Ascension du Bien-Aimé

Le voyage nocturne et l’ascension du Prophète ont eu lieu la nuit du 27 de ce mois sacré de Rajab. A cette occasion, nous vous proposons de replonger ensemble dans ce récit devenu un des trésors de notre patrimoine spirituel, et de le méditer ensemble pour en tirer tous les bienfaits qu’il recèle.

LE RÉCIT

Pour bien comprendre la charge émotionnelle et spirituelle que revêt le voyage nocturne et l’ascension, nous devons commencer notre récit quelques semaines en arrière, au moment où notre Bien-Aimé Mohammed vivait les heures les plus sombres du boycott imposé par les mecquois contre les musulmans.

Abu Talib, l’oncle bien aimé du Prophète qui lui offrait à la fois amour et protection, vient d’être rappelé à son Seigneur juste après son épouse bien aimée Khadija. Le Prophète Bien Aimé se voit alors privé de deux êtres chers, et livré au reste de son clan ainsi qu’aux notables de la Mecque qui refusaient le Message Divin, tandis que ses compagnons ainsi que lui-même subissent des maltraitances toujours plus rudes. Le besoin de protection devenait de plus en plus pressant, et notre Guide s’est donc mis en quête d’une solution.

Sur ordre de Dieu, le Prophète s’en va chercher de l’aide auprès de différentes tribus, les unes après les autres. À chacune de ces destinations et de ces rencontres, le Prophète priait pour la réussite de son affaire, et les confirmations qu’il recevait de Dieu venaient nourrir en lui l’espoir d’une réussite certaine. Mais à chaque fois, il fut soit mal reçu, soit reçu avec des promesses vides, ou encore confronté à des gens prêts à lui accorder de l’aide à condition de bénéficier par la suite d’intérêts politique ou financier. La réussite sur le plan du monde physique et matériel n’a pas été au rendez-vous. Car la réussite qui attendait notre Bien-Aimé était ailleurs…

Le Prophète Mohammed, déjà éprouvé par les multiples refus et tentatives de manipulation dont il a fait l’objet, se rend donc dans la cité de Ta’if en dernier recours, afin de discuter avec ses chefs. Alors, non seulement les responsables de ce village le rejettent et refusent de lui tendre la main, mais il se retrouve également poursuivi par les habitants, qui lui jettent pierres et ordures, l’insultent et se moquent de lui. Femmes, enfants, esclaves, tous se réunissent pour le pourchasser, l’attaquer. Le Guide Universel de toute l’humanité quitte l’endroit sous les pierres, ses nobles pieds en sang, pour se mettre à l’abri hors de la ville.

Quel est le résultat de ces longs jours de voyage et de tous les efforts déployés ? Quelle aide a-t-il pu obtenir pour la survie et la sécurité de ceux qui l’avaient suivi pour la Face de Dieu et qu’il a laissé à la Mecque ? Il se retrouve épuisé, blessé, repoussé, traité de fou, loin de chez lui et loin des siens qu’il sait en danger.

Parvenu au bout du bout de ses capacités, il se tourne vers son Seigneur et prie. Dans sa prière, il ne s’est pas plaint de la méchanceté des gens, ni même de sa souffrance et de ses peines, mais de ses limites à lui, de son incapacité à lui et de sa faiblesse à lui ! Quel homme ! Quelle grandeur ! Quelle pureté ! Quelle noblesse !

اللّٰهُمّ إلَيْك أَشْكُو ضَعْفَ قُوَّتِي

وَقِلَّةَ حِيلَتِي ، وَهَوَانِي عَلَى النّاسِ، يَا أَرْحَمَ الرّاحِمِينَ

أَنْتَ رَبُّ الْمُسْتَضْعَفِينَ وَأَنْتَ رَبّي

إِلَى مَنْ تَكِلُنِي ؟

إلَى بَعِيدٍ يَتَجَهَّمُنِي ؟

أَمْ إِلَى عَدُوٍّ مَلَّكْتَهُ أَمْرِي ؟

إِنْ لَمْ تَكُنْ غَضْبانَ عَلَيَّ فَلَا أُبَالِ

وَلَٰكِنَّ عَافِيَتَكَ هِيَ أَوْسَعُ لِي

أَعُوذُ بِنُورِ وَجْهِكَ الَّذِي أَشْرَقَتْ لَهُ الظُّلُمَاتُ وَصَلُحَ عَلَيْهِ أَمْرُ الدُّنْيَا وَالْآخِرَةِ مِنْ أَنْ تُنْزِلَ بِي غَضَبُكَ

أَوْ يَحِلُّ عَلَيَّ سُخْطُكَ

لَك الْعُتْبَى حَتّى تَرْضَى

وَلَا حَوْلَ وَلَا قُوَّةَ إلّا بِكَ

« O Dieu de mon cœur, à Toi je me plains de ma faiblesse, de mon impuissance et de ma condition devant les hommes. Ô Toi qui est plus proche de moi que tous mes proches, Toi qui m’aimes plus que tous ceux qui m’aiment, Tu es le Seigneur des faibles et Tu es mon Seigneur. Entre les mains de qui me remets-Tu ? A quelque étranger lointain qui me maltraitera ? Ou à un ennemi à qui Tu auras donné pouvoir contre moi ? S’il ne s’agit pas là de la manifestation de Ta Colère contre moi, alors je ne me fais pas de souci. Mais Ton aide gracieuse m’est préférable, et m’ouvrirait un chemin plus vaste et un horizon plus large ! Je prends refuge dans la Lumière de Ta Face par laquelle toutes les ténèbres sont illuminées et dissoutes, et par laquelle tout en ce monde est maintenu dans un équilibre parfait, afin de ne pas être de ceux sur qui Tu fais descendre Ta colère. Je maintiens donc mes efforts pour obtenir Ta pleine Satisfaction, tout en sachant qu’il n’y a de puissance, de force, de pouvoir que par Toi et qu’en Toi. » 

(Adaptée de la traduction de Jean-Louis Michon)

Alors, l’Ange des montagnes apparut et annonça qu’il était venu anéantir cette ville et ses habitants en les écrasant entre deux montagnes. Sauf si le Prophète en décidait autrement. Et le Bien-Aimé sauva ce peuple qui venait de lui faire tant de mal. Il refusa la punition, évoquant l’espoir que de leur descendance émerge des gens de bien. Quelle force ! Quelle grandeur d’âme et de cœur ! Quelle bonté et amour !

Comme une récompense pour cette élévation intérieure, comme une réponse à cette transcendance intérieure, Notre Seigneur Bienveillant et débordant d’Amour offrit une élévation et une transcendance céleste à notre Bien-Aimé…

Quelques nuits plus tard, après son retour à la Mecque, l’ange Gabriel réveille l’Envoyé et lui propose de monter le Bouraq, un cheval ailé majestueux, qui l’emmène à la Mosquée de Jérusalem aussi vite que l’éclair. Là, sur l’ancienne place du Temple, il mène la prière pour une noble assemblée de Prophètes : Abraham, Moïse, Jésus, et tant d’autres Envoyés sont là, derrière lui, communiant ensemble avec Dieu.

Cette prière marque le début de son ascension, qui va lui faire traverser les sept cieux en compagnie de l’Ange Gabriel, et dans lesquels il s’entretiendra avec Adam au premier ciel, au second Jésus (‘Issa) et Jean le Baptiste (Yahya), Joseph (Yusuf) au troisième, au quatrième, Hénoch (Idris), au cinquième Aaron (Haroun), au sixième Moïse (Moussa) et enfin, au septième ciel Abraham (Ibrahim).

Ensuite, voilà qu’il atteint le lotus de la limite (Sidrat al-Muntaha) et l’ange Gabriel lui signifie qu’il ne peut pas l’accompagner au-delà. Désormais, seul Mohammed peut s’avancer au-delà de cette limite sacrée. Il est la seule créature de tous les temps et par-delà le temps à avoir dépassé cette frontière, goutant l’honneur et le bonheur ultime de rencontrer pleinement Dieu, dans une Ascension éternelle et continue.

Le Prophète Bien-Aimé nous rapporte lui-même : “ Les portes m’ont été ouvertes les unes après les autres jusqu’à la Porte Sublime. Et j’étais accueillis au Royaume Suprême. Et le Portier, qui n’est autre que Dieu lui-même, m’a dit “Bienvenue mon Bien Aimé !”

Et pour son retour sur terre, notre Seigneur Bien-Aimé offre un cadeau à notre Prophète, un cadeau pour nous : il s’agit des 5 prières par jour, 5 rendez-vous avec Dieu, 5 adorations qui en valent 50.

Nous avons désormais chacune et chacun un lien, une connexion, un rite, qui nous permet de faire revivre et célébrer la prière sur la place du Temple et l’ascension céleste de notre Bien-Aimé.

MÉDITATION

Et si nous méditions ce récit afin d’en tirer des chemins pour nous rapprocher du Bien-Aimé et marcher sur ses pas vers Dieu ?


Nous avons pu voir que le Voyage Nocturne et l’Ascension du Prophète est aussi une histoire d’ascension et de transcendance intérieure.

En effet, quand l’Ange est venu au Prophète pour punir le peuple de Ta’if, notre Bien-aimé n’a pas voulu se venger. À ce moment-là, bien qu’il soit passé à travers de grandes difficultés dans le monde matériel, il a transcendé toutes ces expériences douloureuses.

Il a transcendé le temps, l’espace et le niveau de ceux qui l’avaient attaqué et blessé en portant son regard et son souci sur leurs enfants. Il les a imaginés, et s’est montré capable d’aimer ces futurs enfants, ces hommes et ces femmes qui seraient les descendants de ces personnes néfastes et ingrates.

Dieu par Sa Grâce, pour honorer son Bien-aimé, a guidé non seulement les cœurs de ces futures âmes, mais aussi ces gens qui l’avaient rejeté. Après avoir eu un comportement révoltant et méprisable, ils sont devenus des amoureux de celui qu’ils avaient chassé de leur ville. Leurs cœurs ont changé et ils ont désiré son retour parmi eux. Il a accepté leur retour, et ils se sont unis au Prophète.

Notre Seigneur a donné au Prophète Mohammed le goût spirituel de transcender la difficulté au moment même du rejet et du mal sur terre. Cette ascension que le Prophète a vécu dans son cœur est couronnée par l’Ascension qu’il vivra quelques jours plus tard vers le royaume céleste.

A notre niveau, que pouvons-nous tirer comme point à méditer de cette ascension intérieure ? Comment nous inspirer de ce récit pour vive notre propre élévation et transcendance intérieure ?

1. Réaliser les limites des autres et de soi-même pour s’ouvrir au Tout-Puissant

La transcendance, c’est le fait de dépasser nos propres limites, et pour les dépasser, on doit d’abord réaliser et accepter leur existence, ce que notre égo refuse de faire. Il veut se croire sans limite, sans failles, sans faiblesse, sans dépendance envers Dieu.

Sur les pas de notre Bien-Aimé, nous pouvons faire nôtre sa prière, et réaliser les limites de notre nature humaine :

D’une part, l’être humain peut faire preuve d’une médiocrité, fermeture, bassesse, méchanceté immense (comme le Bien Aimé a pu le voir en les autres, mais que nous pouvons voir en nous-mêmes).

Et d’autre part aucun être humain ne peut nous apporter la moindre protection, si ce n’est par la permission de Dieu. En effet, l’être humain dans sa réalité la plus profonde est un être incapable, sans ressources propres et impuissant.

C’est en acceptant et prenant pleinement conscience de ces deux réalités que l’on peut réaliser notre dépendance à Dieu seul, le Tout-Puissant, et ainsi nous rapprocher encore plus de Lui. 


2. L’intégrité morale et le goût du dépassement de soi

Sur les pas de notre Bien-Aimé, nous pouvons nous aussi nous motiver à chercher l’ascension et la transcendance intérieure, à quitter notre bassesse et médiocrité, et oser toujours plus de pardon, de courage, et d’amour pour ceux qui nous aiment, mais aussi pour ceux qui nous nuisent.

Nous avons de nombreux défis à transcender : nos problèmes, nos excuses pour se maintenir dans la bassesse, nos émotions et passions mal orientées, le mal qui nous entoure et celui qu’on laisse entrer en nous… osons l’élévation, osons la transcendance !

Nous pouvons dire que nos défis se résument :

  • au fait de choisir de faire ce qui plaît à Dieu, même lorsque ce n’est pas ce que nous avons envie de faire,
  • au fait de résister à ce que l’on a envie de faire, si cela déplaît à Dieu.

Ce pouvoir de résister aux penchants de notre égo, c’est ce qu’on appelle la « taqwa » : la capacité à voir et chercher Dieu dans chaque chose, le fait d’être conscient de Sa Présence, de le préserver dans notre Conscience. Dit encore autrement, on peut appeler cela la bonne moralité.

La bonne moralité nous rapproche de Dieu, car elle pousse à s’éloigner de la bassesse pour vivre une ascension vers Dieu, à renoncer à ce qui nous tire vers le bas pour entrer dans l’élévation. La bonne moralité et l’ascension exigent donc des efforts, des renoncements des sacrifices.

Ainsi, notre ascension dépendra du niveau de volonté et d’investissement que l’on mettra à transcender notre nature basse, nos bas instincts, notre impolitesse, notre désir de prouver aux autres qu’ils ont tort et toutes les autres manifestations de notre ego.

Lorsqu’on choisit la moralité et qu’on lutte vaillamment à l’intérieur de nous-mêmes pour ne pas nous en écarter, alors la récompense de Dieu se manifeste sous la forme d’ascension spirituelle. Il ne s’agit évidemment pas à notre niveau du fait de monter le Bouraq pour visiter les sept cieux, mais il s’agit de s’élever et se rapprocher de Dieu, ressentir sa douce proximité un peu plus, et connaître un plus grand bonheur.

Les occasions de se transcender sont nombreuses, et elles sont toutes là, au quotidien, dans les choix les plus banals et les plus terre à terre de notre vie. Dans chaque événement et choix, aussi prosaïques soient-ils, se cache une occasion de se transcender et de connaitre l’ascension.


Par exemple, si je dois partager un simple gâteau entre plusieurs personnes, aurais-je le souci de couper des parts égales pour ne léser personne ? Aurais-je le souci de prendre la part la plus petite pour moi afin de ne léser personne ? Ou bien je prends la part la plus grosse pour nourrir mon égo ?

Quand je me lève tôt le matin, ai-je le souci de faire le moins de bruits possible pour ne déranger personne ? Ou mon égo me suggère de ne pas me soucier des autres ?

Quand je croise une personne qui me dévisage, est-ce que je lui réponds par un sourire ? Ou un regard dur et réprobateur ?

Chaque expression physique a une réalité morale.

Et chaque expression morale a une réalité spirituelle.


Un sourire sincère fait à une personne qui me regarde de travers est une action physique qui exprime mon intégrité morale. Ma bonne morale ne me commande pas de rendre le mal par le mal, mais de rendre le mal par le bien. Ainsi je me transcende. Et ce choix physique conduit par ma réalité morale m’amène à expérimenter une nouvelle réalité spirituelle. Une élévation spirituelle s’opère en moi, un nouveau niveau de réalité spirituelle m’est soudain accessible. Il s’agit là de mon ascension intérieure, à laquelle j’accède en suivant les pas de mon Bien-Aimé qui m’enseigne à ne pas succomber aux ténèbres de mon âme et de mon égo, et rechercher toujours la lumière en moi.


Choisissons alors l’intégrité morale, choisissons de nous dépasser, et nous connaîtrons l’ascension !

3. Mobiliser sa volonté : effort et patience devant la récompense

Se transcender, ce n’est donc pas seulement faire ce que l’on peut, mais dépasser ce que l’on peut faire pour atteindre ce que l’on doit faire.

Sur les pas du Bien-Aimé, nous pouvons cultiver notre endurance, patience, persévérance, nourrie par notre amour et notre soif de Dieu afin d’être toujours en quête sur le chemin de Dieu. Car sans cette persévérance, il est facile de se laisser aller, se laisser tomber, se laisser chuter dans la bassesse. Il n’y a pas de troisième choix ou de troisième voie : soit on s’élève, soit on chute.

L’élévation est difficile et demande patience et efforts, mais la récompense est immense. A l’inverse, la chute offre des délices immédiats mais éphémères, et la conclusion finale est amère, douloureuse, destructrice.

Notre Bien-Aimé n’a pas choisi le chemin de la facilité qui consiste à se laisser chuter, mais le chemin de l’élévation et de la transcendance, qui demande de l’endurance et de la patience, et dont les délices ne sont pas immédiats.

Ainsi nous pouvons voir les bras de fer qui se joue en nous, et la volonté dont il est nécessaire de faire preuve pour ne pas succomber à la bassesse, la paresse, la tristesse, la mollesse, la fainéantise, les habitudes néfastes, ou les addictions.

D’ailleurs, si l’on y réfléchit bien, toutes les addictions et tous les maux qui nous rongent peuvent se résumer dans ce terme : l’addiction à l’échec. Quelle addiction n’est pas nuisible ? quelle addiction n’est pas échec ?

Mais au-delà de cela, l’échec en lui-même provoque une addiction, l’échec est addictif en soi. Car l’échec, c’est le fait de chercher le confort et une certaine image de la paix dans l’absence d’effort, dans l’absence de volonté, dans l’absence d’endurance. C’est le contraire de l’Islam, qui consiste à chercher la paix en faisant preuve d’efforts et d’endurance justement.

Lorsque l’on mène un combat depuis longtemps et qu’on a épuisé toutes nos forces, abandonner le combat peut sembler reposant. Il y a ce goût à la fois doux et amer du confort mêlé à l’échec. Ne plus se battre devient une façon d’avoir « la paix », une fausse paix dont le prix est l’échec, le renoncement à la dignité, l’humiliation. Et pour avoir ce repos et cette fausse paix, la personne apprend à dépenser toujours plus de sa dignité, à y renoncer toujours plus, à céder, céder, céder, se laissant glisser, se laissant chuter, chuter, chuter, n’opposant plus aucune résistance ni effort, se laissant couler dans l’échec, la faillite et la déchéance.

Pour pouvoir préserver cette fausse paix et ce confort, la personne s’accommode et s’habitue à ce mode de vie sans dignité ni volonté, et finit même parfois par développer une addiction à l’échec, voire à l’humiliation provoqué par l’échec. Et comble du cynisme, d’autres se montreront même fiers de leurs échecs accumulés (comme ces personnes qui se vantent d’avoir fait de la prison par exemple).

On observe donc la chute, puis l’addiction à la chute et la justification de cette chute par un moyen ou par un autre (rejeter la faute sur un autre, ou en faire un objet de fierté, ou se dédouaner d’une manière ou d’une autre, etc.).

Car chuter est agréable, ne plus s’accrocher, ne plus se fatiguer à lutter et glisser vers le bas comporte certains délices… mais à quel prix ? En réalité, les sensations de la glisse et le frisson de la chute libre sont le chemin de la descente aux enfers ! Comment se termine une chute libre sans élastique et sans parachute ? Quel que soit le délice éprouvé lors de la chute, la fin sera atroce. Pire que la mort, c’est l’enfer qui attend celui qui se lâche et se sustente des délices de l’inaction.

A l’inverse, l’ascension demande des efforts et va nécessairement être inconfortable. Mais nous ne sommes pas seuls livrés à nous-mêmes, une corde nous est tendue, et ce n’est pas n’importe quelle corde :

Attachez-vous tous ensemble fermement à la corde de Dieu, […] S3.V103.

S’attacher, se cramponner, mettre tous ses efforts dans cette prise, et Dieu nous tirera vers le haut, Dieu nous permettra l’ascension, amine !

Oui cet effort n’est pas agréable au début,  il y aura un peu de douleur. Mais quelle douceur par la suite ! Quelle douceur incomparable !

De façon certaine, avec la douleur il y a une douceur S94.V5.

Nous sommes nombreux à oublier d’inviter Dieu dans nos combats, nous sommes nombreux à oublier que lorsque nous sommes au pied du mur et devant une porte verrouillée, Dieu a la clé de cette porte comme de toutes les portes. Ainsi, lorsque nous avons fait tout le chemin jusqu’à la porte fermée, nous avons effectivement le choix d’abandonner et de nous laisser chuter, comme nous avons le choix de nous rapprocher de Dieu et de vivre notre ascension vers Lui.

Si Dieu a fendu la mer pour permettre un passage au peuple de Moïse qui se pensait coincé et perdu, quel chemin ne pourra-t-il pas ouvrir pour chacun de nous ?

Il s’agit donc de faire preuve d’endurance, de persévérance, de patience, de volonté, de courage, d’espérance et de confiance en Dieu.

Savoir se reposer, mais ne pas lâcher, ne pas céder, ne pas abandonner, et sortir de cette dépendance malsaine à l’inaction, à la lâcheté, et à la chute autodestructrice.

4. choisis ta dépendance

La genèse du mot « addiction » (du latin addictio) remonte au temps où il était possible pour un homme de régler ses dettes en étant vendu aux enchères comme esclave. Ainsi, la personne en addiction (l’addictus en latin, ou l’addict en français) est la personne qui a vendu sa liberté, qui s’est donnée en esclavage !

De qui sommes-nous donc les esclaves lorsque nous nous laissons aller à l’addiction ? à qui nous soumettons-nous ? A des substances (drogue, cigarette, alcool, sucre en excès, etc ) ? A des films (amoralité, violence, impudeur, pornographie, etc.)  ? A des pulsions ? Aux dires et regard des autres ? A qui donnons-nous le droit de devenir notre maitre ?

Notre religion nous enseigne pourtant que notre Seul Maitre doit être Dieu. Aussi, notre seule addiction doit être Dieu ! Devenons addict à Dieu ! Devenons addict au souvenir de Dieu, à l’exercice de développement de notre conscience de Dieu (dhikr), devenons addict au Nom de Dieu, devenons addict à tout ce qui nous fait penser à Lui et nous rapproche de Lui !

Demandons à Dieu de nous rendre addict à Lui ! Mais où sont ceux qui demandent à Dieu cette addiction-là ? Pourquoi est-ce que l’on se disperse dans des addictions qui nous détruisent dans l’ici-bas et dans l’au-delà ? Qui veux-tu pour Maitre ? De qui veux-tu être le serviteur ?

Allons-nous rester addict à la tristesse et à la faillite ? Addict à l’échec et à la ruine ? Allons nous continuer à justifier nos faiblesses et nos failles et à nous conforter dedans ? « C’est pas ma faute, je suis né comme ça » « c’est la faute à mes parents » « c’est la faute à tel traumatisme » « c’est la faute de la société » « c’est la faute à Dieu qui m’a créé comme ça » ?!

Il est temps de réaliser que nous avons un Seigneur et Maitre qui est là pour nous et vers qui nous devons apprendre à tendre la main. Il est temps de réaliser que Notre Seigneur est plus grand que nous, plus grand que nos faiblesses, plus grand que nos failles, plus grand que notre paresse, plus grand que notre envie de sommeil devant la prière de l’Aube ! Plus fort que notre fatigue, plus fort que notre dépression, plus fort que notre paranoïa, plus fort que nos blocages et maladies mentales !  Et que c’est donc vers Lui que l’on doit se tourner pour s’élever ! Et cesser de se tourner vers les justifications, car elles nous rabaissent !

Celui qui justifie ses erreurs se ferme la porte qui mène à Dieu et lâche Sa corde ! C’est l’addiction à l’échec qui s’exprime chaque fois que l’on se justifie !

Sur les pas de qui marchons nous quand nous perdons notre temps en justifications ?

Quand le diable incita Adam et Eve à manger le fruit défendu, Dieu nous dit dans sa Sainte Parole :

C’est ainsi qu’il (le diable) les fit chuter par tromperie. S7.V22.

Le fautif et les victimes sont donc clairement établis. Mais Il nous rapporte que nos pères ont dit :

Ils dirent : « Notre Seigneur ! Nous nous sommes fait tort à nous-mêmes. Si Tu ne nous recouvres pas du manteau de Ton Pardon et de Ton Amour, nous serons certainement perdus » S7.V23.

Et que le diable a dit à Dieu :

Il dit : « Puisque Tu m’as égaré […] S7.V16.

Dans les pas de qui marchons nous quand nous rejetons la faute ailleurs que sur nous-mêmes ? Dans les pas de qui marchons-nous quand nous ne sommes pas capables de faire comme nos pères et comme notre Bien-Aimé Prophète lors de sa prière de Ta’if, à savoir : regarder nos propres torts, nos propres failles, nos propres manquements, et inviter Dieu, appeler Dieu, nous accrocher à Dieu, nous cramponner à Dieu de toutes nos forces pour les dépasser ?

Attachons-nous à Dieu et à Sa corde, devenons dépendants de Dieu, devenons addict à Dieu.

Le fait de s’exercer au souvenir de Dieu et à la conscience de Dieu (dhikr) est addictif. La lecture du Qor’an est addictive. Le nom de Dieu « Allah » est addictif.

Ceux qui s’y adonnent vous le diront : ce sont de vraies drogues, c’est enivrant. Mais encore faut-il s’y plonger avec sérieux en faisant le bon choix :

Chaque jour nous avons le choix de l’addiction que nous voulons développer : addict à Dieu ou addict à Netflix ? addict à Dieu ou addict aux substances ? addict à Dieu ou addict aux vices ?

Si tu ne veux pas développer d’addiction à Ton Seigneur, c’est ton choix. Vraiment, c’est TON choix.

Pourquoi ne deviens-tu pas addict aux enseignements, aux savants, aux sages, aux livres, aux assemblées, aux groupes, aux endroits, aux mosquées, aux associations, aux initiatives, aux adorations qui rapprochent de Dieu ?

Il suffit de goûter à l’ascension une seule fois pour devenir addict.

Et vivre l’ascension, c’est nécessairement se détacher de la vie matérielle qui nous tire vers le bas. Il s’agit donc de développer une addiction au détachement. Par exemple, notre Maitre Ali, le neveu du Prophète Bien-Aimé, était addict au détachement matériel, addict à la vertu, addict à la charité au point où un jour, alors qu’il était en inclination durant sa prière, il retira et donna sa bague à un mendiant qui venait lui demander l’aumône !  Même pendant sa prière il donnait la charité ! notre Maitre Abu Bakr quant à lui était addict au pardon, il aimait pardonner.

Comme eux, devenons addict au Prophète et au fait de suivre son exemple ! Apprenons à devenir addict à ce qu’il enseignait, ce qu’il aimait et ce qu’il faisait, et détachons-nous du reste qui ne peut que nous nuire ou nuire à autrui.

Deviens addict à Mohammed ! Deviens addict à la prière de connexion avec Mohammed (salate ‘ala ennabi). Exerce-toi, développe ta connexion, ton lien, ta relation avec le Bien Aimé à travers ces paroles.

Choisis bien ton addiction, car l’œil qui a préféré regarder le péché ne pourra pas voir le Bien Aimé, et ne pourra même pas le reconnaitre s’il lui était présenté. La bouche qui a préféré proférer le péché ne pourra pas embrasser le Bien-Aimé ni même lui parler. Les bras qui se sont activés dans le péché ne pourront pas enlacer le Bien-Aimé.

Choisis bien ton addiction, et souviens-toi que l’amertume à laquelle on peut goûter suite à un péché ici-bas n’est infiniment rien en comparaison de l’amertume qui nous attend si l’on continue sur cette pente. Car oui, l’enfer lui-même est aussi de nature addictive ! être addict au péché dans la réalité apparente, c’est être addict à l’enfer dans la réalité cachée !

Alors, choisis bien ton addiction.

5. Devenir un amoureux de Dieu : l’Amour pour moteur, la Vérité pour forteresse

Tu as choisi d’être addict et dépendant de Dieu ? Tu as choisi d’investir tes forces pour te cramponner à la corde de Dieu ? Tu renonces à chuter et tu as choisi la voie de l’Ascension ? Sur les pas du Bien-Aimé, puise ta force et ta motivation dans l’Amour de Dieu, et trouve ta Protection dans Sa Vérité.

Car le Bien-Aimé était un amoureux qui cherchait toujours la plus grande proximité possible entre lui et son Seigneur. Un amoureux qui ne put accepter l’idée de laisser entre lui et Dieu le moindre obstacle sans faire de son mieux pour le franchir.


Car le véritable amoureux est toujours en quête. Il ne laisse rien entre lui et Son Bien-aimé, il est prêt à tout pour retrouver Celui qu’il aime plus que tout. Sa vie est vouée à traverser toutes les distances et à enlever tous les obstacles possibles afin d’arriver à la contemplation pure et parfaite de la Face de Son Bien-Aimé.

Son chemin ne connaît pas d’arrêt.

Le Prophète ne s’est pas arrêté avant d’être arrivé à l’Observatoire Ultime (Sidrat al-Muntaha), la station la plus élevée après laquelle il n’y a plus de station : la station de l’Ascension Éternelle. Une station que même les Anges ne peuvent atteindre, alors que dire la dépasser…


Cette expérience en cette nuit bénie l’emmena ainsi jusqu’à la station de l’Ascension Éternelle. Depuis, l’esprit du Prophète ne cesse d’être en ascension continue. Après avoir emprunté le chemin VERS Dieu, c’est maintenant dans le chemin EN Dieu qu’il ne cesse d’avancer.


Et c’est ainsi qu’est le cheminement : au départ il s’agit d’un chemin VERS la Vérité pour finir par devenir le chemin DANS la Vérité.

Ceci nous enseigne que tant que nous cheminons vers la Vérité, la possibilité d’être détourné de Dieu est toujours là, mais une fois que nous entrons à l’intérieur de la Vérité, une fois que nous cheminons dans la Vérité, plus rien ne pourra nous détourner car nous avons fini par entrer dans la Maison Sacrée (Haram). Nous sommes alors en sécurité et nous pouvons expérimenter un voyage sans fin : une ascension continue dans la Vérité Éternelle.

CONCLUSION

Ainsi, sur les pas du Bien-Aimé, et si nous souhaitons vivre élévation, transcendance et ascension, nous sommes invités à réaliser les limites des autres et de nous-mêmes pour goûter à notre faiblesse extrême, et donc à notre dépendance totale et absolue au Tout-Puissant.

Cette dépendance, nous devrons la choisir, la chérir, la cultiver, tout en renonçant à toutes les autres dépendances et addictions, qui au final se résument à l’addiction à l’échec et à la faillite, qu’elle soit morale, physique ou spirituelle.

Ce choix et cette voie de transcendance vont exiger de notre part intégrité morale et goût de l’effort : face aux tentations et défis du quotidiens, il s’agira d’avoir la discipline, la volonté, la patience, l’endurance, la persévérance de choisir la voie du Bien, du Dépassement de soi et du Devoir qui sont les voies de l’élévation, et ne pas se laisser aller à la voie du mal, de la déchéance, de la glisse, de l’abandon, de la chute, dit autrement : de la facilité immédiate et éphémère.

Et c’est dans notre relation et notre amour pour Dieu et son Prophète que nous trouverons Force, Motivation et Protection. Agrippons-nous donc à la corde de Dieu, demandons-là, réclamons-là ! Et demandons toujours à ce que Dieu nous connecte et nous lie au Bien-Aimé, à celui qui s’est élevé au-delà des sept cieux pour aller à Sa Rencontre Sublime.

« Gloire à celui qui a fait voyager de nuit Son serviteur de la Mosquée sacrée à la Mosquée d’El Aqsa dont Nous avons béni l’enceinte, et ceci pour lui montrer certains de Nos Signes. Dieu est Celui qui entend et qui voit parfaitement. »
S17 V1

Merci à l’institut Ha-Mim pour le partage de la Traduction méditative de la prière de Ta’if ci-dessous :

Le Mariage de AbdAllah et Amina, et la conception de Mohammed

Nous venons d’entrer dans le mois sacré de Rajab, ce mois béni qui a connu deux évènements majeurs de la vie du Bien-Aimé Mohammed : sa conception (il naitra neuf mois après), ainsi que son voyage nocturne et son ascension à travers les sept cieux.

Dans cet article, nous vous proposons de revivre ensemble et de méditer sur le mariage de AbdAllah et Amina, ainsi que sur la conception bénie de l’Envoyé.

La lumière de Mohammed

AbdelMouttalib, fils de Hachim, petit-fils de AbdouManaf, avait été nommé gardien de la Maison Sacrée (la Kaaba) en raison de ses hautes qualités morales et de sa noble ascendance.  Il avait de nombreux fils dont le dernier était AbdAllah, qu’il décida de marier à Amina, fille de Wahb Ibn Abdi-Manaf, un des chefs de la tribu des Beni Zuhra. Amina avait été choisie par ce père bienveillant et perspicace parce qu’elle était une jeune femme de haute vertu et issue également d’une noble lignée.

La jeune Qutayla de la tribu des Beni Asad avait appris une précieuse nouvelle de la part de son frère qui n’était autre que le savant et futur soutien du prophète, Waraqa Ibn Nawfal. Il lui avait fait savoir selon sa science des livres sacrés que l’homme dont le visage rayonnerait d’une lumière semblable à l’éclat des perles ou des étoiles serait le père du dernier prophète.

Alors, lorsque Qutayla remarqua cette lumière sur le visage de AbdAllah tandis qu’il se dirigeait avec son père vers la maison de Amina pour célébrer le mariage, elle ne put s’empêcher de l’apostropher dans la rue en dépit des convenances. Elle lui promit les plus beaux cadeaux et les plus grandes richesses de l’époque s’il acceptait de lui offrir à elle l’honneur et la chance d’enfanter son premier enfant. AbdAllah déclina son offre, mal à l’aise et gêné par cette proposition abrupte, ce regard insistant, ces manières, et cette audace aussi étrange que soudaine de la part de cette jeune fille pourtant réputée de bonne famille.

Le mariage eut lieu et Mohammed fut conçu durant la lune de miel qui dura trois jours et trois nuits, dans la maison de Abou Taleb, le grand-frère de AbdAllah. On raconte que durant son sommeil, après la conception, Amina rêva d’un ange qui lui annonçait qu’elle portait désormais un enfant qui sera Mohammed, le dernier des Prophètes.

Lorsque AbdAllah sortit de la maison de Abou Taleb, il croisa de nouveau Qutayla qui semblait désormais totalement indifférente envers lui. Cherchant à comprendre ces brusques variations d’humeur, il l’interrogea, et elle lui répondit simplement que la lumière qui ceignait son front la veille avait disparue.

Désormais, c’était Amina qui portait cette lumière en elle et sur elle.

Méditation

Et si nous cherchions à nous rapprocher et renforcer notre lien avec le Bien-Aimé en méditant sur sa généalogie et sur le récit de sa conception ?

Pour commencer, nous pouvons méditer sur le sens des prénoms de la généalogie du Prophète. Car les prénoms sont vecteurs de sens profonds et d’influence sur la personne qui le porte.

En effet, l’Envoyé n’hésitait pas à changer les prénoms de ses compagnons, comme ont pu en être témoin à plusieurs reprises son épouse Aïcha, ou ses compagnons tels que Otba fils de Abd, Hani fils de Yazid, ou même Abdallah le fils de Omar pour ne citer qu’eux.

Par exemple, ils nous rapportent que le Bien-Aimé n’a pas hésité à renommer par « Jamila » (Belle) une femme qui s’appelait « Désobeissante » en arabe, ou encore par « Hicham » un homme qui s’appelait « Chihab » (l’étincelle qui allume le feu). Il renomma également un homme qui s’appelait « Abdoul Hajar » (adorateur de la pierre) en « AbdAllah ». C’est dire l’importance que le Prophète accordait aux prénoms, et leur choix n’était pas fait au hasard, mais selon le sens qu’ils renfermaient.

Par exemple, le nom AbdAllah, qui est le prénom du père du Prophète, signifie en arabe le serviteur de Dieu, celui qui s’en remet à Dieu et Lui soumet tout son être et son avoir. C’est celui qui, en bon serviteur, développe un grand respect, un grand art de vivre envers son Seigneur en cherchant toujours Sa satisfaction, en ne cherchant ni à le défier, ni à remettre en cause Son Autorité, ni même à l’insatisfaire de quelque manière que ce soit. C’est une personne dotée d’une raison saine et pure, qui ne succombe pas aux tentations de l’égarement. Cette personne ne nie pas les signes, ne les remets pas en cause, ne résiste pas à la vérité qui s’impose, mais au contraire, elle reconnait l’évidence de l’Existence et la Toute-Puissance de Dieu dans les signes qui l’entourent.

Le mot Amina, en arabe signifie « celle qui est rassurée, qui se sent en sécurité et protégée par Dieu ». Il s’agit d’un cœur apaisé et en paix, un cœur qui reconnaît l’Amour de son Seigneur et qui trouve dans cet Amour la paix et la sérénité.

Ainsi, AbdAllah (le serviteur de Dieu qui reconnait pleinement Dieu et s’en remet à Lui) épousa Amina (le cœur apaisé par Dieu et pleinement confiant en Lui), et durant leur retraite de 3 jours loin du monde et de ses affaires, ils purent concevoir Mohammed, l’être le plus connaisseur de Dieu.

En analysant cela, on peut faire un lien avec les paroles des sages et des savants qui nous enseignent la grande importance de la retraite spirituelle, qui consiste à se retirer du monde pour méditer, exactement comme le faisait notre Bien-Aimé dans la grotte de Hira. Car durant une retraite spirituelle loin des affaires de ce bas-monde, et à condition d’avoir une raison « AbdAllah » et un cœur « Amina », on peut espérer voir se produire en nous la conception d’un lien plus fort avec Mohammed.

Dit autrement, lors de ces isolements du monde matériel, notre raison, lorsqu’elle s’est pleinement remise à Dieu, est capable de féconder notre cœur apaisé et rassuré par Dieu à travers des pensées, méditations, contemplations et analyses authentiques. Et cette fécondation donne en nous un accès à notre Esprit, souffle de Dieu, connaisseur de Dieu. Notre connaissance de Dieu va commencer à prendre forme, à se définir, à se construire, marchant derrière les pas de Mohammed.

Comme nous avons pu le voir, la condition pour y parvenir est d’avoir développé la tête et le cœur, c’est-à-dire la raison et l’émotion, ou encore le rationnel et l’émotionnel. Mais comment y arriver ?

Un coeur Amina

Un cœur « Amina » est la fille d’une opinion saine de Dieu. Si notre opinion ou conception de Dieu n’est pas saine, le cœur ne peut pas devenir « Amina », c’est-à-dire apaisé, abandonné entre les mains de Dieu, rassuré, confiant.

En effet, si par exemple face aux épreuves on s’imagine que Dieu est en train de nous punir, de se venger de nous, ou de nous abandonner, alors notre conception de Dieu n’est pas saine, et fatalement notre cœur ne peut pas devenir « Amina ». Un cœur « Amina » est donc bien un cœur qui a une bonne opinion de Dieu, une opinion indéfectible et inébranlable, et qui sait patienter avec sagesse et confiance face aux épreuves.

Un cœur « Amina » ne s’imagine pas que Dieu lui a tourné le dos, parce que ce cœur devine le grand Amour que Dieu prodigue à ses créatures, pressent la Patience infinie dont Il fait preuve pour nous voir revenir vers Lui, imagine le Pardon illimité dont Il est capable. Un tel cœur ne prétend pas savoir, ne prétend pas avoir saisi l’Insaisissable ou avoir délimité l’Illimité, mais il ressent, pressent, imagine, croit, donne foi.

Un tel cœur se renforce et se bâtit grâce à 3 outils que Dieu nous a offert et a placé en nous :

Le mental :

Le mental est le siège de l’imagination. Cette imagination peut être mal utilisée et servir à nous mentir à nous-même ou aux autres, mais elle peut aussi être bien utilisée lorsqu’elle sert notre relation à Dieu.

Pour préciser par exemple, notre mental peut nous mentir en nous racontant que Dieu ne nous aime pas, que Dieu nous rejette, qu’Il a atteint Sa Limite à nous pardonner (Gloire à Lui qui est au-dessus de cela !) et que par conséquent il nous punit, ou nous abandonne. L’imagination débordante du mental est ainsi très mal utilisée. Elle s’emballe, elle se laisse nourrir de wasswass, et elle finit par nous nuire mais aussi à nuire aux autres.

Quant à l’imagination bien utilisée, elle ne consiste pas à essayer de définir Dieu, puisque Dieu ne pourra jamais être défini. Mais plutôt, elle va nous servir à repousser les limites que nous donnons inconsciemment à Dieu. L’imagination par sa capacité à déborder, à dépasser les barrières, à sortir des cadres, va nous aider à lutter contre nos préjugés et mauvaises conceptions de Dieu, afin de cesser de le figer dans une image que nous avons de Lui et qui est forcément réductrice. Or, si notre vision de Dieu est réductrice, alors notre relation à Dieu sera également réduite.

Le sentimental :

Le sentimental va directement dépendre des conceptions mentales. Si les conceptions mentales sont saines, le sentimental sera sain. Si à l’inverse les conceptions mentales sont erronées, le sentimental sera perverti.

Pour exemple, la susceptibilité ou l’impulsivité sont le fruit d’un sentimental perverti par un mental corrompu. La personne susceptible ou impulsive est victime d’un mental qui se monte des films, qui s’enferme dans des paradigmes malsains, qui se laisse influencer par les wasswass d’où qu’ils viennent, et qui nourrit ainsi la sphère sentimentale d’une énergie négative. Et lorsque les sentiments explosent, rien n’a été mis en place pour les réguler, puisque le mental envahissant et débridé étouffe le rationnel, le seul capable de contrôler et endiguer ces débordements néfastes.

A l’inverse, si les conceptions mentales sont saines, le sentimental sera sain et apaisé, et le cœur pourra trouver sa sérénité dans une belle relation vécue avec Dieu, emprunte de d’assurance, de pureté, de sécurité, de réceptivité confiante en Dieu, de perméabilité, de maturité.

L’émotionnel :

Le sentimental se tient à la porte de l’émotion. Souvent on confond les deux, et il convient donc de préciser que le sentiment est le ressenti qui émane de nos conceptions mentales, tandis que l’émotion est le ressenti qui émane du cœur et qui l’enflamme pour mettre notre âme comme notre corps en mouvement (rappelons que le mot émotion vient du latin ex-movere, qui signifie « produire un mouvement à l’extérieur »). Dit autrement, l’émotion est le moteur de nos actions.

Le mental comme le sentimental se tiennent à la couche la plus superficielle de notre conscience, et par conséquent réagissent à toutes les influences extérieures, qu’elles soient manifestes ou subtiles. Quant à l’accès à l’émotionnel, il se produit quand un sentimental sain (issu d’un mental purifié) trouve le chemin du cœur. Il ne manque plus alors que la fécondation du cœur par un raison saine pour permettre à l’émotion de naître pour mettre l’âme en mouvement, afin qu’elle se dirige vers l’esprit.

La généalogie de AbdAllah

Avant de devenir un « AbdAllah » qui trouve la vérité et s’ouvre à ses délices, encore faut-il être une personne qui cherche la vérité. Un chercheur de vérité est une personne qui utilise et investit son intellect et son rationnel dans la quête du savoir et de la connaissance vrais et authentiques. Et en arabe, on peut appeler une telle personne « AbdelMouttalib », le serviteur ou le fils de celui qui cherche avidement le savoir et la vérité. Ainsi, avant un « AbdAllah », il faut un « AbdelMouttalib ». Avant d’avoir une raison convaincue et pleinement perméable à la Vérité, il faut avoir un intellect en recherche de la Vérité, qui se questionne, qui cherche les preuves, qui n’est pas tranquille avec les illusions et les mensonges, qui n’est pas apaisée par les choses éphémères, qui a soif de Vrai. On peut dire qu’il s’agit d’un rationnel véridique, sain et authentique en recherche d’authenticité, procédant avec une méthode quasi-scientifique pour trier le vrai du faux et parvenir à la Vérité. Ainsi, un intellect qui cherche la vérité et finit par la trouver (AbdelMouttalib) peut donner naissance à une raison perméable, ouverte, engagée, en reddition face à cette vérité, et donc apaisée et sereine (AbdAllah).

Rappelons que AbdAllah est le fils de AbdelMouttalib, petit-fils de Hachim,arrière petit fils de AbdouManaf, qui était le frère de AbdouShams

Abdou Shams signifie celui qui adore le soleil, et Abdou Manaf se réfère au serviteur ou au fils de celui qui observe la méthode, celui qui s’élève au-dessus des petites choses de ce bas monde. D’ailleurs historiquement, Abdou Manaf était un homme qui recherchaient l’élévation tandis que son frère Abdou Shams se laissait distraire par ce bas monde et ses promesses vaines.

Abdou Manaf a donné naissance à Hachim qui était réputé pour sa grande générosité (on l’a surnommé ainsi parce qu’il aimait couper le pain pour le distribuer aux pèlerins). Et cela n’est pas surprenant : l’élévation et le détachement devant les choses du bas monde ne peut que donner naissance à la générosité.

Si nous méditons cela, nous pouvons réaliser qu’en quelque sorte, nous avons à choisir notre lignée : celle de Abdou Shams, adorateur de ce bas monde, ou bien celle de Abdou Manaf, Hachim, AbdelMouttalib et AbdAllah : l’adorateur de Dieu, fils du chercheur de Science et de Vérité, fils du généreux, fils de celui qui s’élève de ce bas monde. Or, seul cette dernière ligne peut mener à Mohammed et à Dieu.

Car AbdouShams, c’est la raison perplexe, perdue, perturbée, éparpillée, distraite, tentée, qui s’attache aux choses de ce monde. Et on peut toutes et tous se reconnaitre dans cette état-là, à un certain niveau.

Choisir la lignée du Bien-Aimé

Alors notre défi consiste à ramener notre raison dans la bonne lignée, dans le bon alignement, dans la lignée alignée avec Dieu. Cela nous inspire de quitter la quête, la soumission, l’attachement, voire l’addiction aux choses de ce bas-monde pour entrer dans la quête spirituelle, la quête de sagesse, la quête de vérité. Car dans le premier cas, la raison est éloignée de la connaissance de Dieu, tandis que dans le second cas elle se rapproche continuellement.

Celui qui se met en quête de vérité commence le chemin vers Dieu, et même s’il ne se sent pas encore pleinement rassuré et pleinement « AbdAllah », c’est-à-dire pleinement remis entre les Mains de Dieu, il finira par atteindre ce stade si sa quête est authentique et sincère, et menée avec méthode, avec mesure, sans brûler les étapes. Car l’égo est l’ennemi de ce cheminement et fera tout pour le bâcler, afin de continuer à se sentir roi et pharaon. L’égo veut avoir raison, donc il pervertira et utilisera notre raison pour construire des raisonnements bancals qui vont dans son sens à lui. L’égo aime les raccourcis, les préjugés, les jugements à l’emporte-pièce. L’égo aime se mentir, et n’hésite pas à polluer les idées, pensées et paradigmes en les mélangeant et les bricolant comme ça l’arrange. Son but et de nous renvoyer en état de « AbdouShams », adorateur du soleil, ou de la matière, ou de tout autre que Dieu.

Aussi, seule une attitude d’élévation face aux petites choses de ce bas monde nous protègera de ce piège.

Cette méditation sur la conception de notre Bien-Aimé se veut une invitation à préparer le terrain en nous pour nous rapprocher de Mohammed : Préparons notre raison ! Guérissons là de sa soumission et son attachement aux choses basses de ce monde, guérissons-là de sa malhonnêteté et de son amour de la matière.

Aidons-là à quitter le stade de « AbdouShams » pour emprunter le chemin de « Abdou Manaf », puis de « Hachim », puis de « AbdelMouttalib », et enfin de « AbdAllah ». Arrivé au stade de « AbdAllah », notre raison sera enfin prête à avoir une belle et vraie communication avec notre cœur. Un cœur fait de sentiments et émotions qui devront être préparés, développés, afin de devenir « Amina », rassuré par la Présence de Dieu, capable de ressentir l’Amour et la Paix de Dieu et son appartenance à Lui.

Ainsi, nos retraites spirituelles deviendront des rencontres, des mariages, des unions entre un cœur serein, rassuré, en paix, et une raison soumise à Dieu et dans Son service. La fécondation du cœur par la raison pourra alors avoir lieu, donnant ainsi naissance a un lien plus fort avec Mohammed, le connaisseur de Dieu… et Son Bien-Aimé.

Rappel annonce des gagnants des Lettres au Bien-Aimé 2020 💌

 

Le 29 février dernier a eu lieu notre cérémonie des Lettres au Bien Aime édition 2020 organisé par le Mouvement Floraison à la Maison de l’amitié de Rouen en compagnie de Shaykh Hamdi Ben Aissa et Ustadha Shehnaz Karim et c’est avec une grande joie que nous vous avons dévoilé le nom de nos gagnants.

Toute l’équipe des Lettres au Bien-Aimé a été ravi de recevoir vos lettres et félicite tous les participants un par un.
Merci de nous avoir ouvert votre coeur et d’avoir partager avec nous ce qu’il y avait de plus précieux en vous.

🏆 Nous vous dévoilons le nom de nos gagnants et ambassadeurs pour notre édition 2020.

Félicitations à tous nos participants !

Les lettres seront publiées très prochainement ! L’aventure continue ! ☺️

Pour revoir la cérémonie en direct ⤵️

🎥 Cérémonie « Lettres au Bien-Aimé » Partie 1

🎥 Cérémonie « Lettres au Bien-Aimé » Partie 2

 

 

 

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Et c’est ainsi qu’est né Lettres au Bien-Aimé…

AVANT QUE TOUT COMMENCE

Certaines grandes choses commencent dans les garages. Certaines grandes choses commencent dans les sous-sols.

Le notre est un sous-sol, datant de l’hiver canadien de 2014. Quelques-uns d’entre nous discutaient de la façon d’aider les enfants et les jeunes de notre communauté à établir un lien profond et significatif avec le Prophète, que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui. De toutes les questions que nous pouvons nous poser, celle-ci reste la plus pertinente et la plus urgente : comment pouvons-nous nous relier au Prophète, afin de trouver dans cette relation suffisamment de profondeur et de nourriture pour vivre en accord avec ses enseignements ?

 

Après tout, c’est là l’appel : vivre en accord et en harmonie avec ses enseignements. Et c’est aussi le grand défi. L’idée de cultiver une relation avec lui comme moyen de vivre en harmonie avec ses enseignements est une idée puissante. Il vient de la réalité que s’il y a une génération qui se distingue comme ayant pu vivre en harmonie avec le message du Prophète, c’est bien celle des Compagnons. Et ce qui a fait d’eux ce qu’ils étaient, c’est la forte relation qu’ils avaient avec lui.

 

Aujourd’hui, 1440 ans plus tard, la question est la suivante : que pouvons-nous faire pour établir une relation alors qu’il n’est plus là physiquement avec nous ? Que pouvons-nous faire pour dissoudre le sentiment de distance, le sentiment que le Prophète n’est qu’une figure historique, bidimensionnelle (historique et religieuse) au mieux ?

 

Là, dans ce sous-sol, quelqu’un a suggéré un concours de poésie. C’était une idée géniale ! Je l’avais déjà vu faire, mais je pouvais déjà entendre beaucoup de gens résister.  « Je n’écris pas de poésie, je ne suis pas poétique du tout. »

 

Shaykh Hamdi a dit : « Et si au lieu de la poésie, on écrivait des lettres ? De cette façon, n’importe qui peut le faire, et cela peut être court ou long, sous forme de poésie ou de prose… et le meilleur de tout, c’est qu’elle sera adressée directement au Prophète. Une lettre non pas sur lui, mais pour lui. » Il avait tapé dans le mille. D’autres ont pris la parole : « Les lettres sont le meilleur choix parce qu’il y en a tellement de formes : lettres de remerciement, lettres d’amour, lettres d’excuses, même des lettres de plainte dans lesquelles nous pourrons partager au Bien-Aimé ce qui nous tracasse dans cette vie ».

C’est ainsi que sont nées les Lettres au Bien-Aimé.

 

CE QU’IL Y A À AIMER DANS CE PROJET

 

Tout d’abord, l’amour ! Avez-vous vu la date à laquelle nous annonçons les résultats ? Chaque année, nous annonçons les gagnants le jour de la Saint-Valentin. C’est délibéré, bien sûr. Ce projet consiste à redéfinir l’amour, à nous assurer que la relation que nous avons avec le Prophète est une relation que nous vivons comme une relation d’amour, et à nous assurer de nous investir dans cet amour comme un amour personnel et intime digne d’être exprimé avec attention et intention.

 

En fait, il y a beaucoup de choses que j’aime dans ce projet. L’une est qu’au cours de la troisième année du projet, alors que notre petite équipe de l’Institut Rhoda commençait à faiblir dans notre énergie, nous avons été approchés par la formidable équipe de Rabata, sous Anse Tamara Gray, qui a proposé de collaborer avec nous. Quelle bénédiction d’avoir deux organisations aux buts similaires qui se réunissent pour aider les gens à ressentir l’amour du Prophète.

 

Des enseignants d’école et de halaqa du monde entier ont présenté ce projet à leurs élèves, en produisant certains des plus merveilleux ensembles de lettres de classe. Ils ont trouvé que les Lettres au Bien-Aimé sont un moyen novateur d’aider leurs élèves à revivre les histoires du Prophète qui résonnent en eux et à examiner et réexaminer ses belles qualités. De la part de nos plus jeunes participants, nous voyons habituellement des lettres de remerciement, et aussi beaucoup d’excellentes questions, comme : « Cher Bien-Aimé, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez dû quitter votre maison à La Mecque ? » Ou encore, « Cher Bien-Aimé, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez perdu votre mère ? », ainsi que des expressions puissantes de dévotion : « Les gens qui ont été méchants avec toi, je m’en veux tellement pour cela, j’aurais aimé pouvoir être là et les empêcher de te faire du mal ! »

 

Chaque stade de développement a ses thèmes, les adolescents sont capables d’utiliser leur sensibilité romantique pour exprimer certaines des émotions les plus sincères et les plus vulnérables. Les adultes qui ont des années sur le chemin de la vie écrivent souvent des lettres qui contiennent des excuses sous une forme ou une autre. J’adore la façon dont les gens de tous âges participent, des tout-petits dont les lettres sont surtout des dessins (avec quelques mots écrits par leur mère ou leur professeur) aux aînés de notre communauté.

 

Valeur éducative

 

En tant qu’enseignante de Sirah (la biographie du Prophète, que la lumière de Dieu continue à nourrir son âme et notre connexion avec lui), j’aime le fait qu’écrire une lettre au Bien-Aimé aide les gens à réaliser que l’espace et le temps ne concernent pas le monde de l’âme. Ce que nous faisons à Médine, parlant à l’âme vivante du Bien-Aimé dans sa Sainte Rawda, nous pouvons le faire d’où que nous soyons dans le monde. C’est la nature de toute chose spirituelle, n’est-ce pas ? Mais nous sommes si souvent coincés dans notre moi matériel que nous oublions que cette possibilité existe. J’aime le fait que ces lettres servent de porte d’entrée dans ce royaume de l’âme.

 

Affirmation et encouragement

 

Chaque fois que nous commençons un atelier avec des adultes, les gens se sentent nerveux, la terreur de la page blanche (avec laquelle je compatis complètement) les saisit. Ils se remettent aussi en question se demandant qu’ont-ils vraiment à dire au Prophète ? Ont-ils vraiment quelque chose à exprimer ?

 

D’une certaine manière, je croyais moi aussi qu’une personne qui n’était pas pleinement engagée dans le voyage spirituel n’aurait peut-être pas grand-chose à dire au Prophète. J’avais l’idée que l’écriture de la lettre serait un baromètre qui indiquerait où une personne se trouvait dans sa vie de foi ; mais ce que j’ai découvert, c’est que les gens, quel que soit leur niveau de pratique ou d’engagement, ont connu les plus profondes manifestations d’émotion, dès qu’ils ont commencé à écrire. Cela m’a vraiment déconcerté. J’ai vu des gens qui se voyaient à peine comme  » religieux  » exprimer dans leurs lettres l’amour le plus profond et le plus sincère pour le Prophète.

 

Maintenant, commencez chaque atelier comme ceci : commencez juste à lui écrire, et vous serez surpris de ce qui en ressortira. Vous découvrirez que vous avez réellement une forte relation avec lui, et que vous avez en réalité beaucoup de choses à lui dire.

 

POURQUOI

 

Pour ressentir ce que nous devons ressentir.

 

Le Bien-Aimé, que la lumière de Dieu continue à nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui, nous enseigne ceci :

 

« Aucun d’entre vous ne goûtera vraiment à la vérité de la foi tant que je ne serai pas plus aimé de lui que sa famille, ses biens et sa personne. »

 

Le but premier et ultime de ce concours est de cultiver cet amour. L’amour est quelque chose qui doit être cultivé. Il a besoin de temps passé en communication avec l’objet de notre amour, il a besoin de temps passé loin de l’Aimé physiquement, tout en gardant la pensée de l’Aimé dans notre cœur et notre esprit.

Bien que nous, qui vivons à cette époque, sommes privés de la présence physique du Prophète, nous avons néanmoins à notre disposition un outil très important qui inspire l’amour et qui jaillit de notre très grande distance avec lui. Cet outil est l’émotion merveilleuse du désir.

Les lettres, depuis la nuit des temps, ont été utilisées comme un moyen d’exprimer le désir ardent qui vient de la séparation physique. Ils sont envoyés d’un amant à l’autre comme un moyen d’exprimer le fait que l’absence physique n’a fait que faire grandir l’affection du cœur, et que loin des yeux ne signifie pas loin du cœur. Si souvent quand nous lisons des lettres d’amour écrites par un amant qui est physiquement séparé de son bien-aimé, nous constatons que l’amour est élargi et approfondi en raison du puissant sentiment de manque qui est entré dans la relation.

 

Nous voulons que tous les membres de la communauté de Mohammed puissent atteindre ce que le Prophète décrit dans le Hadith ci-dessus comme étant la vraie foi. Nous voulons tous, vous et moi inclus, aimer le Prophète plus que nos familles, nos affaires et notre propre personne. Et, bien que nous (enfin, la plupart d’entre nous) ne parlons pas à nos affaires, nous parlons à nos familles et à nous-mêmes. Parfois, nous avons même de longues conversations dans la tête avec ceux que nous aimons, même ceux qui sont décédés. C’est ce qui maintient en nous un sentiment de connexion avec ces gens, cette conversation, cette communication, cette pensée d’eux au premier plan de nos préoccupations. Ce projet, qui consiste à écrire des lettres au Prophète, est un moyen d’amener la pensée de ce Bien-Aimé au centre de nos préoccupations et de nos pensées, et d’apprendre à se sentir à l’aise pour communiquer avec lui. Après tout, un jour, lorsque nous visiterons Médine, ou au Jour du Jugement et dans l’au-delà, nous lui parlerons ainsi, par la Grâce de Dieu.

 

Notre espoir est que lorsque nous commencerons à parler au Prophète, à travers ces lettres, nous commencerons à briser ce mur invisible du silence entre nous et lui, et nous commencerons à ressentir davantage l’amour sincère qui fera de nous des gens avec une foi complète.

 

Comme souvenir pour les jours de pluie

 

Une jeune mère qui fait participer ses enfants à l’écriture de lettres au Prophète chaque année m’a fait part qu’elle est tout à fait en accord avec un des principaux objectifs du projet : donner aux jeunes l’expérience d’exprimer leur relation au prophète par écrit afin que, lorsqu’ils seront beaucoup plus âgés, ils regarderont ces lettres et pourront se sentir réconfortés et renforcés par elles. Ils pourront être rassurés sur le fait qu’ils ont une véritable relation avec lui, quelle que soit la distance qu’ils peuvent ressentir à un moment donné. Et ils pourront être sûrs que l’amour qu’ils avaient pour lui peut être redécouvert à tout moment.

 

Et cela est vrai pour nous tous, pas seulement pour les enfants. Nous devons nous ménager de l’espace et du temps pour créer des moments positifs pour nous-mêmes, des moments de connexion qui nous serviront de puissants rappels (et parfois de bateaux de sauvetage) pour plus tard lorsque nous lutterons peut-être avec notre foi. Nous voulons que votre lettre au Prophète soit quelque chose que vous puissiez relire dans un moment de tristesse ou de doute et y trouver la force, à l’image d’une carte, d’un plan qui vous ramènerait chez vous.

 

En tant que témoin pour vous

 

Nous sommes aussi un peuple qui croit en l’idée du témoignage. En écrivant nos lettres, nous nourrissons, amplifions et réitérons notre témoignage, notre shahada, qui est un pilier de notre foi. Nous disons des paroles de fidélité, de vérité et de sincérité dont nous prions qu’elles témoigneront pour nous au Jour de notre Jugement. Il y a quelque chose de si puissant dans notre témoignage de foi, « Mohammed est l’Apôtre de Dieu », comme une affirmation personnelle de notre expérience d’avoir le prophète dans notre conscience. On nous enseigne que de nombreux aspects de notre être, de la terre et du ciel témoigneront pour nous au Jour de la Rétribution. Ces lettres, ces paroles, témoigneront pour vous d’une belle manière, en ce jour-là, par la Grâce de Dieu.

 

Partager la vérité

 

Pensez à tous les témoignages qui existent dans le monde ! Aujourd’hui, avant de commencer à lire un nouveau livre, d’acheter une nouvelle machine à café, de conduire une nouvelle voiture ou de voyager dans une nouvelle ville, il est probable que vous irez d’abord en ligne pour lire les commentaires et témoignages d’autres personnes qui ont essayé cette expérience ou ce produit avant vous. C’est ce que nous appelons la « recherche », et beaucoup d’entre nous la prennent très au sérieux. Nous ne voulons pas investir dans quoi que ce soit tant que nous ne savons pas qu’il a reçu des commentaires positifs de la part des autres. Et nous faisons confiance à ce que les gens comme nous ont à dire plus que ce que le texte officiel nous dit.

 

Dans cette culture de tant de conversations et de consultations en ligne entre pairs, et de plus de confiance dans les pairs que dans les autorités, il n’y a vraiment pas assez de témoignages personnels de musulmans tels que vous sur qui est véritablement le Prophète. Nous avons de puissants témoignages officiels concernant sa vie (Sirah) et sa personnalité (Shama’il) à travers les témoignages des gens qui ont vécu en son temps, mais il n’y a pas beaucoup de matière sur ce que l’on ressent réellement quand on a un lien personnel avec lui.

 

En vérité, quelle époque n’est pas la sienne ? N’est-il pas encore temps pour lui ? Et ne devrait-on pas partager les témoignages les plus récents ? Tel est donc l’objectif final du concours : créer un bel ensemble de témoignages modernes vivants qui communiquent et partagent sur ce que les musulmans ordinaires comme nous ressentent réellement à l’égard du Prophète.

Nous espérons que cette littérature servira de complément important aux textes sacrés et primaires du Hadith et du Quran, qui parlent de lui. S’il est le Prophète Universel (Ummi) pour tous les temps et tous les peuples, alors nous devons partager un large éventail d’expressions sur la façon dont cette communauté mondiale (Ummah) se relie avec lui.

 

Nous sommes fiers de pouvoir accueillir des textes pour ce concours et espérons ajouter d’autres langues à mesure que le projet prendra de l’ampleur !

 

ET MAINTENANT, VOUS.

 

Écrivez votre lettre ! Ne soyez pas timide….vous pouvez devenir aussi vulnérable que vous le souhaitez et utiliser un nom de plume si vous le souhaitez pour soumettre votre lettre. Donnez-vous la chance de prendre une profonde respiration et de parler directement au Prophète, et pas seulement parler de lui. Vous trouverez un nouveau goût dans votre foi lorsque vous ferez ce pas.

Écrire des lettres a toujours été un moyen de « rester en contact », c’est-à-dire de rester connecté. Une des jeunes gagnantes de l’année dernière a pris cela à cœur et a décidé d’écrire au Prophète tous les soirs. C’est devenu un moyen de reconnaître continuellement sa relation avec le Prophète, tout en s’efforçant de rendre ses journées et ses actions en accord avec ses enseignements. C’est devenu un moyen d’exprimer et d’enregistrer ses luttes, ses triomphes et les sentiments croissants d’attachement au Guide dont elle voulait tant les enseignements pour façonner sa vie.

 

Jetez un coup d’œil à quelques-unes des lettres écrites les années précédentes, pas seulement celles qui ont été choisies comme  » ambassadeurs « , mais toutes, car elles sont toutes gagnantes à leur façon. Et partagez ce projet, partagez le lien vers le site Web, les pages Instagram et Facebook, ou une lettre spécifique que vous aimez. Prenez une photo de vous-même ou de vos enfants en train d’écrire et affichez-la avec le hashtag #cherbienaime.

Rassemblez quelques amis pour le dîner et écrivez des lettres en guise de dessert. Parlez-en à votre école islamique locale le samedi ou à votre école à temps plein et orientez-les vers les plans de cours. Aidez-nous à diffuser cette occasion de raviver notre amour pour le Prophète.

Chaque lettre compte. Si vous pouvez faire partie d’un cœur qui commence à ressentir de la tendresse pour lui, pensez simplement à quelle grande bénédiction ce sera. Et la prochaine fois qu’une personne qui n’est pas musulmane vous pose des questions sur le Prophète, référez-les à l’une des lettres, ou à toutes. Laissez les gens le découvrir à travers vous et vos compagnons musulmans dont il a façonné la vie et fait d’eux ce qu’ils sont.

Puissiez-vous faire partie de ce beau mouvement.

Shehnaz Karim, Directrice du Sanad Collective 

 

De Myriam

chanson

Mohamed, sallalahu alayhi wa salam

Mohamed, dernier des prophètes,

Le plus grand des messagers de l’islam,

Mohamed nous a tous sauvés,

Des pièges de Chaytan.

Il nous a enseigné l’islam,

Maintenant nous sommes musulmans.

Mohamed, merci pour tout

Tu nous a mené vers le droit chemin

Mohamed, merci

Qu’Allah te bénit pour tout.

Ya Allah, bénis sa famille,

Et tous ceux qui l’ont suivi

Ya Allah, bénis Mohamed

Pour tout le bien qu’il nous a transmit.

Mohamed, merci pour tout

Tu nous a mené vers le droit chemin

Mohamed, merci

Qu’Allah te bénit pour tout.

Mohamed, merci pour tout

Tu nous a mené vers le droit chemin

Mohamed, merci

Qu’Allah te bénit pour tout.