
Récipient dans lequel le Bien-Aimé Mohammed avait bu
A Istanbul, dans le Palais de Topkapi (ancien palais des souverains ottomans transformé aujourd’hui en musée) on trouve une chambre sacrée préparée par le sultan de l’époque pour conserver et exposer les reliques du Bien-Aimé Mohammed, dont voici quelques photos tout au long de cet article.
L’amoureux peut comprendre
Quelle position adopter face à ces reliques ? Les avis sont partagés : d’un côté les amoureux du Bien-Aimé qui ressentent le besoin de conserver des traces, des souvenirs, des objets ayant appartenu à l’amour de leur cœur, et de l’autre, les proies aux doutes, qui se demandent s’il ne s’agit pas là de « bid’a » ou de « shirk »?
Évidemment, s’il s’agissait d’adorer ces objets et de les prendre pour idoles, une telle attitude mériterait effectivement le blâme. Mais qu’en est-il de l’amoureux qui espère juste garder un souvenir, et transmettre ce souvenir à ceux qui n’ont pas rencontré physiquement ce grand amour ? Pourquoi lorsqu’une personne garde pendant des années les lettres, ou le châle, ou le mouchoir de son amoureux ou amoureuse, on trouve cela romantique, mais quand il s’agit du Prophète Bien-Aimé, cela deviendrait soudain quelque chose de blâmable et condamnable ?
Pourquoi quand une personne garde précieusement la photo ou les vidéos de ses défunts parents pour les montrer à ses enfants afin de nourrir leur amour pour leurs grands-parents qu’ils n’ont pas connus, on trouve cela beau, mais quand il s’agit du Prophète Bien-Aimé, on veut trouver cela suspicieux ?
Serait-il donc interdit de l’aimer et de le faire aimer ?
C’est d’ailleurs par amour que les souverains ottomans ont recouvert d’argent, d’or et de pierres précieuses ces souvenirs et ces reliques, comme on voudrait mettre la photo de notre amoureux dans le plus beau des cadres. En plus de témoigner de leur amour et de leur respect, cela permet également de mieux préserver et respecter ces précieuses reliques.
Ces reliques sont donc de précieux souvenirs amoureux, de précieux souvenirs pour nos ancêtres comme pour nous-mêmes. Quelle douceur pour l’amoureux que de pouvoir contempler quelque chose ayant appartenu à son Bien-Aimé, que ce soit un objet, ou sa photo ! N’ayant pas de photo à l’époque, l’empreinte de pied ou les cheveux faisaient l’affaire.
Cela peut nous paraître étrange, mais il faut rappeler qu’en Europe-même, avant l’avènement de la photographie, il y avait deux manières de garder un souvenir de la personne qui nous était chère : soit un portrait en peinture, mais encore fallait-il avoir les moyens de payer un peintre (cela était donc réservé aux classes aisées), soit ses cheveux pour les plus pauvres. Dans les archives et les pièces de musées, il n’est pas rare de trouver des tresses entières qui ont été coupées et offertes à une personne chère. A l’époque, il était courant de demander à quelqu’un ses cheveux pour les garder en souvenir ! Seul un amoureux peut comprendre ce besoin de proximité, d’intimité, que peut étancher la possession d’un bout de l’autre.

cheveux du Bien Aimé Mohammed
Il faut maintenant imaginer la scène autour du Prophète Bien-Aimé : lorsqu’il se faisait couper les cheveux, ses compagnons les récupéraient à peine tombés au sol, et se les partageaient le cœur battant. Quand le Bien-Aimé marchait pieds nus dans la terre humide, imaginez la joie de ce compagnon qui découvre son emprunte, et qui la récupère amoureusement et avec grand soin. Quel bonheur de posséder cette trace de pas qui immortalise quelque chose de son Bien-Aimé !
Si on n’est pas amoureux, on pourrait y projeter de la « bid’a » ou du « shirk » là où en réalité il ne s’agit que d’amour. Qui n’a jamais vraiment aimé ne peut pas comprendre.
Des reliques pas comme les autres
Au-delà de cet aspect du souvenir amoureux, il faut tout de même souligner qu’il ne s’agit pas de l’importe quels objets : ce sont des objets ayant appartenu, ayant été touchés, ou étant issus du corps du meilleur des êtres.
Le toucher des prophètes n’est pas n’importe quel toucher : notre Maitre Issa guérissait, redonnait la vue, et même la vie, avec un simple toucher (S3,V49 – S5,V110). Ce qui est issu du corps des Prophètes possède également un statut particulier : la salive de notre Maitre Mohammed (que Dieu nous accorde une belle relation d’amour avec lui) guérissait également les malades (Sahih al Bukhari). Les objets des prophètes ne sont pas de simples objets : la tunique de notre Maître Youssouf a rendu la vue à son père, notre Maître Yaqoub, par le simple fait de l’avoir posé sur son visage (S12,V96). Ou encore le bâton de Notre Maître Moussa qui pouvait se transformer en serpent, avaler les illusions des magiciens (S7,V117 – S26,V45), et fendre les eaux en deux (S26,V63). Et que dire du sable touché par le pied de Moussa qui permit au Samiri de donner au veau d’or l’illusion d’être vivant ? (S20, V96)

empreinte de pied du Bien-Aimé Mohammed
Le statut exceptionnel de ces objets ne s’arrête pas là ! Pensez à l’histoire des enfants d’Israël qui, plusieurs centaines d’années après le passage de notre Maître Moussa, ont commencé à décliner spirituellement au point de se quereller sans cesse, allant même jusqu’à remettre en question les décisions du Prophète qui leur avait été envoyé après nos Maîtres Moussa et Haroun (le Coran ne cite pas son nom, il semblerait qu’il se nomme Samuel d’après les récits bibliques). La sourate Al Baqara nous expose comment ce Prophète avait désigné Talout (Saül) comme roi, mais comme il appartenait à une classe sociale modeste, ils contestèrent cette Décision Divine inspirée à l’Envoyé.
Dans Son Immense Bonté, Dieu envoya des Anges portant le Tabout nous dit le Coran, un coffre appelé l’Arche de l’Alliance, afin de rehausser le niveau et la force spirituels de ce peuple. Quiconque ayant la foi se trouvait renforcé en étant exposé au Tabout.
Mais quiconque étant ennemi de Dieu se trouvait affaibli face à ce coffre nous raconte la Bible. C’est d’ailleurs pourquoi les enfants d’Israël emmenaient avec eux le Tabout comme arme principale lorsqu’ils devaient faire la guerre, et c’est aussi la raison pour laquelle les rois ennemis faisaient tout pour déposséder les enfants d’Israël de cette Arche d’Alliance avec Dieu. L’un de ces rois avait réussi à le leur arracher durant l’une de ces guerres ! La Bible nous raconte comment aucun des peuples reniant Dieu ne pouvait garder cette Arche sans s’attirer affaiblissement, maladies, malédictions et morts. Ils se refilèrent donc le précieux coffre de peuple en peuple jusqu’à ce qu’il fût finalement restitué au peuple d’Israël, les seuls capables de vivre de manière positive la puissante influence de ce coffre grâce à leur foi.
Mais que contenait donc ce coffre que l’on nomme l’Arche de l’Alliance ?
Nous trouvons le récit et la réponse dans la sourate Al Baqara, versets 247 et 248 :
Et leur prophète leur dit: « Voici que Dieu vous a envoyé Tâlût (Saül) pour roi. » Ils dirent: « Comment règnerait-il sur nous ? Nous avons plus de droit que lui à la royauté. On ne lui a même pas prodigué beaucoup de richesses ! » Il dit: « Dieu, vraiment l’a élu sur vous, et a accru sa part quant au savoir et à la condition physique. » -Et Dieu alloue Son Pouvoir à qui Il veut. Dieu a la grâce immense et Il est Omniscient.
Et leur prophète leur dit: « Le signe de son investiture sera que le Tâbût (coffre, Arche de l’Alliance) va vous revenir; objet de quiétude inspiré par votre Seigneur, et contenant les reliques de ce que laissèrent la famille de Moussa (Moïse) et la famille d’Haroun (Aaron). Les Anges le porteront. Voilà bien là un signe pour vous, si vous êtes croyants ! »
Ce coffre contenait donc des reliques de Prophètes ! La tradition musulmane rapporte qu’il s’agissait d’un récipient dans lequel avait bu notre Maitre Moussa, un turban qui avait appartenu à notre Maitre Haroun, ainsi que d’autres objets encore. La tradition biblique rapporte qu’il contient également le bâton de notre Maitre Moussa.
Dans tous les cas, qu’est ce que cela nous enseigne ? Pourquoi Dieu envoie-t-il des Anges pour apporter des reliques de Prophètes aux humains ? Qu’est ce que cela dit de ces reliques ? Peut-on encore penser qu’il s’agirait de « shirk » ou de « bid’a » ?

S’exposer aux reliques du Bien-Aimé
Les objets que nous vous présentons en photos ont appartenu à l’être humain doté de la spiritualité et de la relation à Dieu les plus développées, et se trouvent aujourd’hui à Istanbul.
Est-ce que la grandeur et la puissance de l’empire Ottoman peut s’expliquer par l’amour que ses souverains avaient pour le Prophète et leur exposition à ses reliques, comme s’il s’agissait de leur propre Arche d’Alliance ? On peut se poser la question. En tout cas une chose est sûre, Istanbul est la ville où l’on compte le plus grand nombre de personnes qui embrassent la voie du Dernier Messager, et ça ne peut pas être un hasard. La proximité de ces reliques, l’exposition à ces reliques pèsent forcément dans la balance, comme elle a pesé pour les enfants d’Israël à l’époque de l’Arche d’Alliance.
Cette exposition aux reliques de nos Maîtres Moussa et Haroun comme nous l’avons vu, a été une Décision et un Cadeau Divins. Alors pourquoi l’exposition aux reliques de notre Maitre Mohammed ne le serait pas ? Si un objet qui a appartenu à nos maîtres Youssouf (la tunique), Moussa et Haroun (dans le coffre) peuvent influencer positivement ceux qui s’y exposent, pourquoi cela s’arrêterait-il dès lors qu’il s’agit du Bien-Aimé Mohammed ?
Il ne s’agit évidemment pas de s’exposer à ces reliques dans l’espoir de devenir riche, d’avoir un patron plus sympa au travail, d’avoir des enfants plus obéissants, ou de s’offrir une plus belle voiture. Une relique n’est pas un grigri !
Mais plutôt, on s’expose aux reliques de Mohammed dans l’espoir de s’exposer à Mohammed, dans l’espoir de nous rapprocher de Mohammed, et dans l’espoir d’aimer davantage Mohammed. Aimer Mohammed, c’est s’élever spirituellement, et s’élever spirituellement, c’est aimer Mohammed. Car comme nous aimons à le dire : avec Mohammed on ne tombe pas amoureux… on s’élève en amour! Alors s’exposer à ces objets qui ont été habités de l’énergie de Mohammed, c’est venir quêter, espérer, s’ouvrir, se rendre perméable à un peu de Mohammed pour se rapprocher de Dieu.
Que Dieu nous accorde d’accueillir Mohammed, quel que soit la manière dont on quête cette rencontre avec lui : en lui écrivant des lettres, en lisant et appliquant ses hadiths, par la salat ‘ala an-nabi, en lisant sa biographie (Sira et Chama’il), en visitant son tombeau à Médine, en nous exposant à ses reliques, ou même, et je nous le souhaite, en s’exposant humblement aux photos de ses reliques. Amine !